- RAY (N.)
- RAY (N.)RAY NICHOLAS (1911-1979)Dans l’ère de violence que connaît le cinéma américain des années cinquante, Nicholas Ray fait exception. Ne s’attache-t-il pas à la peinture de personnages faibles et névrosés et ne réintroduit-il pas la fragilité et la tendresse dans des genres voués à la sécheresse et à la brutalité? Son premier film, un thriller, Les Amants de la nuit (They Live by Night , 1948), est la peinture d’un amour menacé, celui de deux jeunes gens traqués par la police. Même vulnérabilité du héros dans Les Ruelles du malheur (Knock on Any Door , 1949) et surtout dans La Fureur de vivre (Rebel Without a Cause , 1955), le chef-d’œuvre de Ray que domine l’interprétation de James Dean. Ray nous dépeint un Jesse James, dans Le Brigand bien-aimé (The True Story of Jesse James ,1957), beaucoup moins fort et viril que dans la version précédente d’Henry King (Jesse James , 1939), et en vient même à «féminiser» le western (Johnny Guitare , 1954). Névrose (Le Violent , In a Lonely Place , 1950), drogue (Derrière le miroir , Bigger Than Life , 1956), handicap physique (Traquenard , Party Girl , 1958) contribuent de toute façon à affaiblir le héros. À cette constante s’ajoute celle d’un baroquisme exacerbé qui culmine dans Johnny Guitare (le saloon) et dans Party Girl (le cabaret où danse Cyd Charisse). Lyrisme désespéré qui donne à l’œuvre de Nicholas Ray un ton unique dans le cinéma américain. Après 1960, Ray croit pouvoir s’attaquer à la superproduction, en dépit des constants démêlés avec les financiers qui ont marqué sa carrière. D’indéniables beautés: Les Dents du Diable (Savage Innocents , 1960), Le Roi des rois (The Kings of Kings , 1961) et Les Cinquante-Cinq Jours de Pékin (1963) sont des échecs. Une longue période de silence suit. Dix ans plus tard, Ray fait une rentrée discrète avec de petits films tournés en marge de la production ordinaire: We Can’t Go Home Again et Wet Dreams (1973). Alors qu’on espère pour lui une seconde carrière, le cancer le ronge. Aucun de ses projets n’aboutit. De fulgurantes apparitions dans les films de Wim Wenders préparent le testament pathétique qu’est Lightning over Water (Nick’s Movie , 1980) où il accepte que Wenders le filme presque jusqu’à l’extrême de son agonie, autour d’un des derniers scénarios qu’il avait rêvé de réaliser.
Encyclopédie Universelle. 2012.